FICHE N7 |
Exercice 1 :
LíONOMASTIQUE (ce terme désigne le nom donné aux personnages)
Texte 1 :
(...) Maxime n'a pas construit de parc. Il en a eu un en dot de sa femme, tout ce
qu'il a fait ensuite, au fur et à mesure que les cargos se multipliaient sur
la ligne des Baléares, c'est d'acheter tout ce qui touchait ses murs. (...)
Pendant des années, Maxime annexa ainsi, par principe et par habitude. (...)
Cette facon désinvolte de se constituer un domaine composa en fin de compte
un paysage d'une noblesse et d'une grandeur vraiment impériales.
Jean Giono, Noé.
- Quelle est líorigine du mot « maxime » ?
- Repérez dans le texte les mots du même champ lexical que le mot «
maxime ».
Texte 2 :
(...)Il lui semble qu'après avoir si parfaitement réussi il importe
qu'elle se délivre de tout orgueil et qu'elle rende à Dieu ce qui est
à Dieu. Car sans lui elle aurait pu être prise la main dans le sac au
moins trois fois. C'est pourquoi elle refuse d'être repliée sur elle
même et elle observe le monde. Grâce à l'intelligence de son observation
elle en fait partie; elle s'y engloutit, elle y disparâît. (...) [Bien
longtemps avant sa paralysie, Ennemonde, devenue veuve, avait été sevrée
d'amour et d'affection. Qui aurait pu ouvrir son cúur ?
(...) Un jour, en sortant de table, elle vit un attroupement (...). Elle s'approcha.
C'était un lutteur en maillot collant rose debout sur un tapis. (...)Il montrait
du doigt un coussin de velours rouge sur lequel étaient épinglées
des médailles. (...) Ce doigt pointé sur le coussin aux médailles
intrigua Ennemonde: il était énorme. C'est en remontant du doigt au
bras et du bras au reste du corps qu'elle fut éblouie par une beauté
à sa convenance. C'était un amas de graisse et de muscles d'un mètre
soixante de haut et d'un mètre cinquante de large; (. ..)
[Au printemps suivant Ennemonde retrouve le lutteur de foire dans une autre ville.]
Jean Giono, Ennemonde et autres caractères.
- En vous aidant de ce texte, étudiez la signification du nom díEnnemonde,
vieille femme parvenue au bout de sa vie et devenue pratiquement impotente.
- Phonétiquement, quelle remarque pouvez-vous faire sur le nom de ce personnage
?
- Relevez dans le texte les mots qui vous semblent avoir un rapport avec ce que vous
entendez dans ce nom.
- Quelle analogie pouvez-vous en tirer entre son prénom et ce qui arrive au
personnage ?
Complément : Etudiez à votre tour
le nom de quelques personnages de la littérature...
Grangousier dans Gargantua de Rabelais
Géronte et Argante dans Les Fourberies de Scapin de Molière
Micromégas dans le conte du même nom de Voltaire
Bonnemort et Maigrat dans Germinal de Zola
Godot dans En attendant Godot de Beckett
Angelo dans Le Hussard sur le toit de Giono
A votre tour díen présenter díautres suivant vos lectures....
Exercice 2 :
(...)óPour la dernière fois, écoutez-moi, bougre de crétin.
. . "
Elle travaillait sur un petit bureau métallique minable. Le reste de la pièce
tenait plus de la cellule de moine que de l'antre directorial. Rien à voir
avec l'antichambre du Louvre où j'exerçais mes propres talents ni avec
le design verre-alu de Calignac, le directeur des ventes. (...) Elle peaufinait son
côté petit caporal à l'unifonne strict. (...) óÉcoutez,
Malaussène, je vous ai engagé comme bouc émissaire pour que
vous vous fassiez engueuler à ma place, pour que vous épongiez les
emmerdes en pleurant au bon moment, pour que vous résolviez l'insoluble en
ouvrant grands vos bras de martyr, en un mot, pour que vous endossiez. Or, vous endossez
formidablement ! Vous êtes un endosseur de première, personne au monde
n'endosserait rnieux que vous, et vous savez pourquoi ? Elle me l'avait expliqué
trente-six fois: parce que j'étais, selon elle, un bouc érnissaire
né, que j'avais ça dans le sang, un aimant à la place du cúur,
qui attirait les flèches. Mais ce jour-là elle en rajouta: óPas seulement,
Malaussène, il y a autre chose: la compassion, mon garçon, la compassion
! Vous avez un vice rare: vous compatissez. (...) Elle a une voix de crécelle
suraiguë, entre la gamine émerveillée et la sorcière revenue
de tout. Impossible de distinguer l'enthousiasme du cynisme, chez elle. Ce qui la
fait bicher ce ne sont pas les choses, c'est comprendre les choses. óVous êtes
le double douloureux de ce bas monde, Malaussène !
Daniel Pennac, La Petite Marchande de Prose.
1) Les désignateurs sont les éléments qui servent à désigner
un personnage.
relevez tous ces désignateurs dans ce texte en ce qui concerne Malaussène,
classez-les ensuite suivant un critère quíil faudra choisir et justifier.
2) Faîtes le même travail pour le personnage de líéditrice.
3) Rédigez pour chacun de ces personnages un paragraphe dans lequel ils seront
étudiés. Servez-vous de toutes les observations faites et des conseils
donnés dans la fiche N3, citez le texte.
Exercice 3 :
Personnages fictifs et historiques
Pas de milieu pour un prêtre dans la révolution. Un prêtre ne
pouvait se donner à la prodigieuse aventure que pour des motifs les plus bas
ou les plus hauts; il fallait qu'il fût infâme ou sublime. Cimourdain
était sublime: mais sublime dans l'isolement, dans l'escarpement, dans la
lividité inhospitalière; sublime dans un entourage de précipices.
Les hautes montagnes ont cette virginité sinistre. Cimourdain avait l'apparence
d'un homme ordinaire; vêtu de vêtements quelconques, d'aspect pauvre.
Jeune, il avait été tonsuré; vieux, il était chauve.
Le peu de cheveux qu'il avait étaient gris. Son front était large,
et sur ce front il y avait pour l'observateur un signe. Cimourdain avait une façon
de parler brusque, passionnée et solennelle; la voix brève; l'accent
péremptoire; la bouche triste et amère; l'úil clair et profond, et
sur tout le visage on ne sait quel air indigné. Tel était Cimourdain.
Personne aujourd'hui ne sait son nom. L'histoire a de ces inconnus terribles. [...]
Danton et Robespierre le connaissaient. Ils avaient souvent remarqué dans
les tribunes publiques de la Convention ce puissant homme obscur que le peuple saluait.
Robespierre pourtant, formaliste, demanda: óCitoyen, comment êtes-vous entré
?
óIl est de l'Évêché, répondit Marat d'une voix où
l'on sentait on ne sait quelle soumission. Marat bravait la Convention, menait la
Commune et craignait I'Évêché. Ceci est une loi.
Mirabeau sent remuer à une profondeur inconnue Robespierre, Robespierre sent
remuer Marat, Marat sent remuer Hébert, Hébert sent remuer Babeuf.
Victor Hugo, Quatre-vingt-treize.
- Relevez tous les personnages de ce texte, faites une étude
détaillée de chacun.
- Quels sont les personnages fictifs, quels sont les personnages historiques ?
- Quel est líintérêt pour un romancier díintégrer des personnages
historiques ? rédigez et justifiez votre réponse en trouvant des exemples
dans díautres textes.