FICHE A12



Compétence : Expliciter la situation díénonciation
Activité : Exercices sur tous types de textes

Exercice 1 :


a) Définissez la situation díénonciation dans chacun des textes suivants : recherchez les marques de líénonciation, indiquez si le locuteur est explicitement présent ou non.

b) Dans le premier texte quels mots ou expressions désignent le destinataire du message ?

TEXTE 1 :
Epigraphe pour un livre condamné

Lecteur paisible et bucolique,
Sobre et naïf homme de bien,
Jette ce livre saturnien,
Orgiaque et mélancolique.

Si tu nías fait ta rhétorique
Chez Satan, le rusé doyen,
Jette ! tu níy comprendrais rien,
Ou tu me croirais hystérique.

Mais si, sans se laisser charmer,
Ton oeil sait plonger dans les gouffres,
Lis-moi, pour apprendre à míaimer ;

Ame curieuse qui souffres
Et vas cherchant ton paradis,
Plains-moi !...Sinon, je te maudis !

Charles Baudelaire : Les Fleurs du Mal



TEXTE 2 :


Líautomne de líannée 1803 fut un des plus beaux de la première période de ce siècle que nous nommons líEmpire. En octobre, quelques pluies avaient rafraîchi les prés, les arbres étaient encore verts et feuillés au milieu du mois de novembre. (...) Un homme vêtu díune veste de chasse en coutil vert, à boutons verts et díune culotte de même étoffe, chaussé de souliers à semelles minces, et qui avait des guêtres de coutil montant jusquíau genou, nettoyait une carabine avec le soin que mettent à cette occupation les chasseurs adroits, dans leurs moments de loisir.

Honoré de Balzac : Une ténébreuse affaire
Première partie, chapitre 1

Exercice 2 :

Le pronom « ON »

Analysez la valeur du pronom « ON » dans les extraits suivants :
a) Que représente-t-il ?
b) Pourquoi líemploie-t-on ?

« Líon est petit à la cour, et quelque vanité que líon ait, líon síy trouve tel ; mais le mal est commun, et les grands même y sont petits. »

La Bruyère : Les Caractères



CELIMENE (à Alceste)
Allez, vous êtes fou dans vos transports jaloux,
Et ne méritez pas líamour quíon a pour vous.

Molière : Le Misanthrope



LISETTE. - On dit que votre futur est un des plus honnêtes hommes du monde ; quíil est bien fait, aimable, de bonne mine, quíon ne peut avoir plus díesprit ; quíon ne saurait être díun meilleur caractère ; que voulez-vous de plus ? Peut-on se figurer de mariage plus doux, díunion plus délicieuse ?(...)
SILVIA. - Oui, dans le portrait que tu en fais, et on dit quíil y ressemble, mais cíest un « on dit », et je pourrais bien níêtre pas de ce sentiment-là, moi.

Marivaux : Le Jeu de líamour et du hasard (I, 1)

Exercice 3 :


Les indices personnels « JE » et « TU »
Vous analyserez líemploi des pronoms de la première et de la deuxième personnes. Quelles significations peut-on dégager de leur alternance, leur disposition, leur présence ou leur absence.

« Demain, dès líaube... »

Demain, dès líaube, à líheure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu míattends.
Jíirai par la forêt, jíirai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au-dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni líor du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand jíarriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

Victor Hugo : Les Contemplations

Exercice 4 :


Le jeu des pronoms
a) Etudiez líemploi des pronoms de la présence (je, vous) et de líabsence (ils, le) dans ce texte. A quel jeu se livre Sganarelle ?
b) Quelle est la valeur du pronom ON dans « on níose vous dire vos vérités » ?

DON JUAN. - Holà ! maître sot, vous savez que je vous ai dit que je níaime pas les faiseurs de remontrances.

SGANARELLE. - Je ne parle pas aussi à vous, Dieu míen garde ! Vous savez ce que vous faites, vous, et, si vous ne croyez rien, vous avez vos raisons, mais il y a de certains petits impertinents dans le monde qui sont libertins sans savoir pourquoi, qui font les esprits forts, parce quíils croient que cela leur sied bien ; et, si jíavais un maître comme cela, je lui dirais fort nettement, le regardant en face : « Osez-vous bien ainsi vous jouer au Ciel, et ne tremblez-vous point de vous moquer comme vous faites des choses les plus saintes ? Cíest bien à vous, petit ver de terre, petit mirmidon (1) que vous êtes (je parle au maître que jíai dit), cíest bien à vous à vouloir vous mêler de tourner en raillerie ce que tous les hommes révèrent. Pensez-vous que, pour être de qualité, pour avoir une perruque blonde et bien frisée, des plumes à votre chapeau, un habit bien doré, et des rubans couleur de feu (ce níest pas à vous que je parle, cíest à líautre), pensez-vous, dis-je, que vous en soyez plus habile homme, que tout vous soit permis, et quíon níose vous dire vos vérités ? Apprenez de moi, qui suis votre valet, que le Ciel punit tôt ou tard les impies, quíune méchante vie amène une méchante mort, et que...

DON JUAN. - Paix !

Molière : Don Juan (I, 2)

(1) nain, petit homme insignifiant