Compétence : Identifier le sens d'un mot dans son contexte
FICHE A1


Activité : Exercices sur l'étymologie, la polysémie, le sens des mots





En feignant de remplir avec scrupule ses devoirs religieux, Tartuffe a capté l'estime d'Orgon, qui l'a installé dans sa maison. Là, cet arriviste déguisé sous le masque de la dévotion, s'est pris d'amour pour Elvire, la femme de son hôte, à laquelle il ose faire, dans son langage de dévot, une ardente déclaration.

TARTUFFE


Ah ! pour être dévot, je n'en suis pas moins homme ;
Et lorsqu'on vient à voir vos célestes appas,
Un coeur se laisse prendre, et ne raisonne pas.
Je sais qu'un tel discours de moi paraît étrange ;
Mais, madame, après tout, je ne suis pas un ange ;
Et si vous condamnez l'aveu que je vous fais,
Vous devez vous en prendre à vos charmants attraits.
Dès que j'en vis briller la splendeur plus qu'humaine,
De mon intérieur vous fûtes souveraine ;
De vos regards divins l'ineffable douceur
Força la résistance où s'obstinait mon coeur ;
Elle surmonta tout, jeûnes, prières, larmes,
Et tourna tous mes voeux du côté de vos charmes.
Mes yeux et mes soupirs vous l'ont dit mille fois,
Et pour mieux m'expliquer j'emploie ici la voix.
Que si vous contemplez d'une âme un peu bénigne
Les tribulations de votre esclave indigne,
S'il faut que vos bontés veuillent me consoler
Et jusqu'à mon néant daignent se ravaler,
J'aurai toujours pour vous, ô suave merveille,
Une dévotion à nulle autre pareille.
Votre honneur avec moi ne court point de hasard,
Et n'a nulle disgrâce à craindre de ma part.
Tous ces galants de cour, dont les femmes sont folles,
Sont bruyants dans leurs faits et vains dans leurs paroles.
De leurs progrès sans cesse on les voit se targuer ;
Ils n'ont point de faveurs qu'ils n'aillent divulguer,
Et leur langue indiscrète, en qui l'on se confie,
Déshonore l'autel où leur coeur sacrifie.
Mais les gens comme nous brûlent d'un feu discret
Avec qui pour toujours on est sûr du secret :
Le soin que nous prenons de notre renommée
Répond de toute chose à la personne aimée,
Et c'est en nous qu'on trouve, acceptant notre coeur,
De l'amour sans scandale et du plaisir sans peur.

Molière : Tartuffe, acte III, scène 3, vers 966 à 1000.


Après une lecture attentive de ce texte, donnez la définition (à partir du contexte) des mots en gras




1) Questions de compréhension :

1 . Par un relevé des termes (v.966 à 980), vous montrerez comment le réseau lexical de la religion devient celui de la galanterie pour célébrer la toute-puissance de l'amour.

2 . Montrez à quels termes a recours le dévot (v.981 à 985) pour communiquer de lui-même une image d'infériorité et de soumission ; à quel modèle de relation est empruntée cette attitude du soupirant à genoux devant la femme qu'il convoite ?

3 . En commentant le champ lexical le plus significatif, celui du bavardage intempestif, vous direz quelle est le comportement que Tartuffe récuse chez les « galants de cour » (v.984), et quel sera par opposition le sien si Elvire consent.

4 . Mettez en lumière les étapes de la déclaration ; en quoi son schéma dynamique est-il celui d'un homme décidé à parvenir à ses fins ?





2) Travail d'écriture : (Plan détaillé + introduction et conclusion)


Vous donnerez la parole à un défenseur sincère de la foi qui, dans une analyse précise du vocabulaire de Tartuffe, s'adressera au faux dévot pour lui reprocher comme une impiété d'avoir utilisé le langage de la religion dans un dessein de libertinage.